Coco Gauff

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Fafane666
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Coco Gauff

#1 Message par Fafane666 » ven. 25 août 2023 12:56

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Coco Gauff : « Devenir la prochaine Serena est impossible »
Victorieuse la semaine dernière de son premier WTA 1000 à Cincinnati, Coco Gauff, 19 ans, arrive en forme à Flushing Meadows après un début de saison plus compliqué. L'heure de la confirmation pour le grand espoir du tennis US au profil si attachant.
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Elle est à part, Coco Gauff. Tout le monde le dit sur le circuit, et tout le monde l'écrit en dehors, du New York Times au Time Magazine en passant par Vogue. Elle a le « it factor », Coco Gauff, résume Billie Jean King. C'est sûrement pour ça que l'Américaine de 19 ans, protégée par ses parents, cornaquée par Team8, l'agence de management créée par Roger Federer et Tony Godsick, est si difficile à attraper au vol entre deux tournois. Elle a des choses à dire pourtant, et des choses dont la portée dépasse les 260 m2 du court où elle cogne des premières balles depuis ses jeunes années à Delray Beach, en Floride.

Son père lui a appris qu'elle pourrait changer le monde avec sa raquette, alors, à l'instar de ses congénères, la finaliste de Roland-Garros 2022 n'hésite pas à prendre position sur les maux de l'Amérique dès que l'occasion se présente. Quand elle apparaît sur l'écran de visioconférence dans son hoodie noir, la numéro 6 mondiale a la mine fatiguée : elle a remporté la veille le tournoi de Washington et sort de l'avion qui l'a déposée à Montréal pour la suite de sa tournée nord-américaine, qu'elle a poursuivie en décrochant son premier WTA 1000 à Cincinnati.

La meilleure façon de calmer les mauvaises langues qui trouvent que son explosion annoncée, depuis son éclosion à 15 ans sur le gazon de Wimbledon, met plus de temps que prévu. C'est vrai qu'à Washington, on a vu cette jeune femme solaire lutter avec le poids de son premier trophée d'importance, et on le lui dit. « Il devait peser au moins douze kilos, c'était sûrement le trophée le plus lourd de ma carrière, rit-elle volontiers. Après, je n'en ai pas soulevé beaucoup mais maintenant je serai prévenue. » Par chance, celui de l'US Open, qu'elle aura dans le viseur durant cette quinzaine, pèse deux fois moins.

« L'entraîneur historique de Serena Williams, Rick Macci, a tweeté juste après votre titre à Washington qu'il fallait rappeler que vous n'avez que 19 ans. Et que l'important n'est pas d'où on part, mais bien où on arrive. Pensez-vous qu'on oublie un peu vite votre âge ?
Je ne pense pas qu'on oublie quel âge j'ai, mais les gens ont placé de telles attentes en moi depuis que je suis petite, j'imagine qu'ils espéraient qu'elles se concrétisent plus tôt. Bien sûr que parfois je sens qu'il y a deux poids, deux mesures, quand je vois comment les victoires en tournoi de joueuses plus âgées peuvent être accueillies, mais je ne prends pas ça mal. L'âge, ça reste un chiffre. Si les gens attendent des choses de moi, je l'interprète plus positivement que négativement.


Vous avez dit que sur les courts et en dehors, vous aviez toujours eu l'impression d'être une adulte.
Le circuit vous invite à une maturité un peu forcée : les voyages, les responsabilités, les rendez-vous pour des choses que vous n'avez pas forcément envie de faire, avec des gens que vous n'avez pas forcément envie de rencontrer... Il y a aussi le champ financier, les emplois du temps à caler, mais il ne faut pas croire que je m'en plains : cela m'a rendue meilleure. J'ai appris plus sur la vie en étant sur le circuit que je n'ai appris à l'école.


Mais en quoi Coco Gauff est-elle toujours une jeune fille de 19 ans ?
Eh bien, je vis toujours chez mes parents, même si je suis en transition vers le grand départ. Hors du court, je reste une jeune fille de 19 ans très classique. On grandit de manière parallèle avec Leylah (Fernandez), Emma (Raducanu), donc, dans mon univers, je me sens très normale mais je suis sûre que dans d'autres je ne le serais pas. Comme je suis assez introvertie, mes amies adorent sortir et moi pas tellement. Je préfère les plus petits comités, le cinéma, le bowling, les jeux d'arcade.

« Je ne me sens pas l'élue d'une génération, je suis mon chemin même si j'entends les compliments »


Chris Evert a prédit que vous remporterez un Grand Chelem, John McEnroe que vous seriez numéro 1 mondiale. Vous auriez préféré tracer votre route à l'ombre des pronostics ou vous savez les gérer ?
Que des légendes comme eux disent cela en public, c'est forcément très inspirant pour moi. Cela ajoute un peu de pression, mais c'est mieux qu'ils disent ça plutôt qu'ils ne le disent pas, alors bon... (Elle rit.) Bien sûr qu'être attendue au tournant peut être plus compliqué à gérer que passer complètement sous les radars, mais, si tu veux réussir jeune, tu dois l'accepter. Je ne me sens pas l'élue d'une génération, je suis mon chemin même si j'entends les compliments.

L'US Open a quoi de particulier pour vous ?
C'est mon Grand Chelem préféré puisque c'est celui de mon pays, et c'est sûrement celui que je tiens le plus à remporter. J'y suis allée plusieurs fois en tant que spectatrice plus jeune voir les soeurs Williams jouer, Kim Clijsters (victorieuse en 2005, 2009 et 2010), Samantha Stosur (victorieuse en 2011)... Bien sûr qu'il y a un peu plus de pression ici, cela tient au fait que j'y ai associé une part de rêve, mais, au final, j'aborde tous les Grands Chelems avec la même pression.

Votre père, Corey, a été votre premier coach et il a repris du service avant l'arrivée de l'Espagnol Pere Riba, fin juin, à vos côtés. Qu'est-ce que cela change dans la relation père fille ?
Je pense que le fait que mon père ait récemment pris du recul nous a été bénéfique. Il restera toujours le noyau dur de mon tennis, celui qui m'a fait découvrir la discipline, mais oui, cela a changé notre relation. Maintenant, je le vois simplement comme mon père, il continuera à me donner des conseils, et c'est tout à fait normal de le faire, même pour des parents qui n'y connaîtraient rien au tennis. Parfois, la dynamique coach père peut s'abîmer. Quand vous rentrez chez vous, normalement, vous laissez votre coach, et là, vous rentrez avec votre père et votre coach. On a quelquefois eu du mal à séparer le tennis et la vie familiale mais pour la majeure partie du temps, l'association a été très positive, surtout quand on regarde ce qui a pu se passer dans d'autres tandems père-fille sur le circuit. Il n'y a pas eu de bore-out, je pense que j'étais simplement arrivée à un moment de ma vie où j'avais besoin d'entendre une autre voix, que sa voix à lui me dise les bonnes choses ou non.

« Plus on compare les athlètes entre elles, plus on alimente les stéréotypes »


Serena Williams, qui a été une vraie inspiration pour vous, a connu elle aussi ces questions relationnelles avec son père. En France, on se rappelle ce que vous aviez déclaré à Roland-Garros en 2021 : "Je comprends qu'on nous compare, mais je veux être connue comme Coco."
Les comparaisons, je n'ai pas la main dessus : nous sommes toutes deux des joueuses de tennis noires américaines, qui ont grandi dans la même région, qui ont été coachées par leur père... Cela ne me gêne pas que les gens nous associent. De toute façon, devenir la prochaine Serena est impossible. Personne ne sera jamais Serena, même en gagnant 23 tournois du Grand Chelem. Je vais juste être moi, et d'ailleurs aucune autre joueuse ne pourra être moi non plus, aucune ne sera Iga (Swiatek)... Plus on compare les athlètes entre elles, plus on alimente les stéréotypes. Et puis, si vous regardez bien, Serena et moi, nous n'avons pas du tout le même jeu. Elle possédait une bien meilleure frappe de balle que je n'ai en ce moment, mais on ne sait jamais, un jour peut-être... (Elle rit.)

Vous êtes considérée comme l'une des meilleures athlètes du circuit, votre première balle est forte, votre jeu est intelligent. Est-ce la progression de votre coup droit qui dictera la hauteur au classement que vous atteindrez ?
Oui, à 100 %. Chaque coup doit être amélioré. Je trouve déjà que lors de ma semaine à Washington, on a pu voir qu'il y avait du changement depuis ce que j'ai proposé à Wimbledon. J'ai encore du chemin à parcourir mais je pense que j'ai les fondations dans mon jeu, c'est une question d'ajustements. Plus je porterai d'attention à ces détails, plus j'aurai de la facilité à l'emporter contre les joueuses les mieux classées.


Il y a même eu un débat sur la longueur de vos ongles qui pourrait éventuellement gêner votre prise de raquette en coup droit...
(Elle rit.) Oui, certaines personnes ont dit que mes ongles très longs pourraient être un frein à ma qualité de frappe. J'ai joué des tournois avec des ongles plus courts par le passé, à cause de ces remarques, mais, honnêtement, cela ne m'a pas aidée. Serena et Venus Williams aussi avaient des ongles longs quand elles jouaient, et puis moi ça me plaît, alors les gens pensent bien ce qu'ils veulent.

« Les critiques, on s'y attend, donc la meilleure chose à faire est de fermer le téléphone et de retourner à sa journée »


Nombre de vos consoeurs et confrères sont victimes d'un harcèlement quasi quotidien sur les réseaux sociaux. Comment réussissez-vous à gérer cela ?
Les gens sont critiques, mais j'essaie de ne pas y prêter attention. Parfois, je réponds aux messages avec humour, surtout ceux qui sont très durs, parce que je me demande comment on peut arriver à un tel niveau de méchanceté. Les critiques, on s'y attend, donc la meilleure chose à faire est de fermer le téléphone et de retourner à sa journée. J'ai conseillé à certaines filles de se créer un compte anonyme, parce qu'on a parfois envie de scroller tranquille sur Instagram sans lire ce qu'on dit de nous. TikTok fait du bon boulot en la matière, il faudrait qu'Instagram et X (ex-Twitter) suivent.


Il y a trois ans, l'adolescente que vous étiez a pris la parole lors d'un rassemblement Black Live Matters dans votre ville de Delray Beach. Quelles émotions, parfums, souvenirs, vous reste-t-il de ce jour-là ?
Honnêtement, ce n'est pas un jour dont j'ai particulièrement envie de me rappeler, parce qu'il a été très éprouvant. Je me souviens avoir dû convaincre mes parents de me laisser aller au rassemblement, ils n'en avaient pas franchement envie. À ce moment-là, aucun joueur de tennis n'avait pris position sur le sujet, j'étais la première, mais je tenais vraiment à m'y rendre. Vous savez, le tennis est un sport différent des autres. Aux États-Unis, les joueurs noirs composent la majorité des effectifs du basketball et du football, mais ce n'est pas le cas sur le circuit, donc ils avaient sûrement peur que je sois en décalage par rapport à mon milieu professionnel.

Mais ces considérations me dépassaient un peu, j'avais 15 ans et je ressentais juste le besoin de dire quelque chose. À cette époque, je devais avoir 500 000 followers donc je me disais que si mon message atteignait ne serait-ce qu'un quart d'entre eux, c'était déjà beau. Je n'étais pas supposée prendre la parole, les organisateurs m'ont vue et m'ont demandé de venir à la tribune. Je n'avais donc rien préparé, tout ce que j'ai dit est sorti spontanément. J'étais très stressée à cette période, les incidents se succédaient et, en tant que jeune Américaine noire, j'ai connu des incidents dont je ne parle pas... Cela arrive à ton frère, ton oncle... Vraiment, j'essaie de ne plus me souvenir de cette période.


Pour vous, les grands athlètes sont-ils forcément engagés socialement ou politiquement ? L'engagement fait-il grandir ?
Non, pour moi un grand athlète ne doit pas nécessairement être engagé. L'un des grands problèmes de notre société ultramédiatisée, c'est qu'on force des gens à prendre la parole sur des sujets qu'ils ne maîtrisent pas. Je n'attends pas de mes pairs qu'ils aillent s'exprimer sur des thèmes de justice sociale ou de racisme, surtout quand ils ne sont pas originaires des États-Unis. Dans certains pays, j'étais la seule personne noire que j'ai pu voir. Donc, je n'attends pas que mes confrères et consoeurs prennent la parole juste parce que je le fais. Bien sûr, quand vous le faites, votre nom apparaît dans les flashes infos et, entre guillemets, il devient connu pour des personnes qui ne suivent pas le sport, mais on peut être un grand athlète sans être engagé. Depuis 2020, il y a tellement de sujets de société sur lesquels je me suis abstenue de m'exprimer pour préserver ma santé mentale... Il faut surtout ne forcer personne à prendre la parole, parce que cela peut devenir une vraie source de stress.

« Être ambitieuse fait partie de mon chemin de vie, libre à vous de le ranger dans la case féminisme ou pas... »


Certaines athlètes ont peur du mot « féministe », mais cela n'a jamais été votre cas. Votre objectif affiché est de devenir numéro 1 mondiale. Être ambitieuse et le dire, c'est une façon d'être féministe ?
Le féminisme peut s'exprimer de nombreuses manières possibles. Pour moi, c'est avant tout une question d'égalité. Mon éducation fait que je ne me suis jamais préoccupée de ce que les hommes pensaient de moi, mes parents ne m'ont pas élevée dans un tel climat. Bien sûr que je constate qu'on me fait certaines remarques qu'on ne ferait pas à un homme dans la même situation, mais je n'écoute pas. Être ambitieuse fait partie de mon chemin de vie, libre à vous de le ranger dans la case féminisme ou pas, mais je pense quand même qu'on peut être féministe sans être ambitieuse. Ne mettons pas d'étiquette sur qui est féministe ou comment l'être. Le problème, c'est que ce mot effraie, car chacun en a une définition différente. Il est pourtant bien question d'égalité, et on n'y est pas encore.


Il paraît que vous dites vouloir être la plus grande joueuse de tous les temps depuis vos 4 ans.
(Elle sourit.) Disons 6 ans, car je ne jouais pas encore au tennis à 4 ans.

La petite fille de 6 ans penserait quoi de la jeune femme numéro 6 mondiale ?
Oh je pense qu'elle serait heureuse... Il faut dire qu'à 6 ans, je disais un peu n'importe quoi. La petite fille de 12 ans serait, elle, très satisfaite, parce que c'est environ à cet âge-là que j'ai pris conscience de la dureté de ce à quoi je m'attelais. À 6 ans, je devais penser que cela m'arriverait en claquant des doigts. Je ne me serais sûrement pas attendue à en être là où je suis aujourd'hui, je me verrais encore en tournoi Challenger ou à la lutte pour entrer dans le top 100. Donc oui, 6e mondiale à 19 ans, la jeune Coco serait très heureuse. »

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Re: Coco Gauff

#2 Message par Fafane666 » dim. 10 sept. 2023 00:39


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Alexis
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Re: Coco Gauff

#3 Message par Alexis » dim. 10 sept. 2023 01:18

Coq aux gaufres doit sûrement avoir des origines françaises

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Re: Coco Gauff

#4 Message par dantaface » dim. 10 sept. 2023 07:40

Fafane666 a écrit :
dim. 10 sept. 2023 00:39
Belle histoire et parcours respectable :jap:
La magnanimité appelle la magnanimité, l'indifférence appelle l'indifférence, et le mépris appelle le mépris. Telle est la charte des êtres libres et, pour ma part, je n'en reconnais aucune autre
Suntem alături de tine, Simona :zemmour:

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Re: Coco Gauff

#5 Message par fed4ever » dim. 10 sept. 2023 09:41

Une privilégiée oui
Nadoule :risitas12:

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Re: Coco Gauff

#6 Message par fed4ever » dim. 10 sept. 2023 09:58


Lol, je pensais qu'elle avait joué autant de GC, la précocité à la Fed 😂😂
Nadoule :risitas12:

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